Ceux qui restent

Morgane Denzler

8 septembre > 11 octobre 2012

J’allais chaque samedi acheter ces photos de famille, photos de la vie courante sur un marché palestinien dans la banlieue de Beyrouth. Ces albums avaient été pillés dans des maisons libanaises désertées pendant la guerre.
J’accumulais ces images sans trop savoir dans quel but, mais je sentais qu’elles allaient prendre place dans une réflexion sur la mémoire, sujet qui s’impose comme une évidence lorsqu’on séjourne au Liban.
Après avoir tenté en vain de questionner les gens et comprendre l’histoire de ces trente-cinq dernières années ; je suis allée avec mes photos à la fondation arabe pour l’image ou j’y ai rencontré Akram Zataari et son assistante.
J’ai alors compris que sans vainqueur de guerre, sans ministère de l’éducation et avec dix-huit communautés différentes, il n’y avait pas d’Histoire, pas de Vérité mais des milliers d’histoires.
Véritable cas de conscience dans ce chaos, je me suis dit que j’allais aborder ces questionnements dans mon travail sans chercher la vérité. Mais plutôt de manière sensible, pour comprendre un inconscient collectif. J’ai donc décidé de rencontrer des personnes atteintes de la maladie d’alzeimer sans distinction de religion et je leur ai présenté les photos achetées sur les marchés sans rien leur dire… Ils se les approprient, s’y reconnaissent, m’expliquent ce qu’ils y voient à travers leurs histoires personnelles.

Le travail d’investigation étant accompli, je me tourne vers la réalisation. Je suis donc en train de réaliser 31 puzzles des photos achetées plus ou moins détruites chacune accompagnée de sa « légende » ou histoire.

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